L’ICOMOS et le COVID-19 : Le patrimoine comme pierre angulaire de la relance humaine, sociale et économique
Chers membres et collègues de l’ICOMOS
Nous espérons que vous et vos proches allez bien. Nous sommes conscients des situations très difficiles auxquelles vous devez tous faire face, tant sur le plan personnel que professionnel.
Parmi la masse d’informations qui circulent concernant le COVID-19, un message d’espoir a été émis par des publications médicales crédibles : un vaccin efficace pourrait probablement être développé dans les 18 prochains mois, ce qui représenterait la période de développement la plus courte pour un vaccin dans l’histoire de l’humanité. Néanmoins, une telle période d’un an et demi constitue encore un très long chemin à parcourir – un marathon dont la ligne d’arrivée serait l’étape « zéro infection ». Pour rendre cette ce parcours durable, certains pays assouplissent déjà les restrictions qu’ils ont imposées et permettent progressivement la reprise des activités économiques, tandis que d’autres devront maintenir ou introduire des mesures strictes.
Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une reprise en forme de V avec un retour rapide à la croissance en 2021 après une forte chute du PIB mondial en 2020, alors que plusieurs économistes font des prévisions plus pessimistes. Le scénario du FMI pourrait changer, si une deuxième vague d’infections survient ou si la disponibilité d’un vaccin est retardée.
Afin de surmonter ce qui pourrait être la plus grave récession depuis la Grande Dépression, des plans de relance économique sans précédent sont mis en place dans les pays développés. D’autre part, de nombreux pays en voie développement auront besoin d’une aide internationale.
Cependant, les défis de la reprise ne sont pas seulement économiques, mais aussi humains et sociaux. L’importance de la justice sociale sera réexaminée et réévaluée à de nombreux niveaux, aux échelles nationale et internationale, et elle sera une question centrale dans le processus de reprise et dans le monde post-COVID.
L’ICOMOS estime que le patrimoine est non seulement un moteur de développement durable, mais aussi une pierre angulaire du redéploiement humain et social après les catastrophes, et notre organisation entend apporter sa contribution pendant et après cette pandémie. Nous vivons dans des circonstances incomparables, imprévisibles et complexes. Une approche plurale sera nécessaire et des mesures ponctuelles ne suffiront pas pour surmonter les effets du COVID-19. Les actions de l’ICOMOS doivent être conçues dans une perspective à long terme. L’ICOMOS prévoit ainsi deux activités majeures.
Tout d’abord, sachant que la reprise sera longue et prendra des formes diverses, l’ICOMOS, par l’intermédiaire de ses réseaux mondiaux et en faisant appel à ses diverses compétences, suivra et évaluera les développements et les mesures prises dans les pays pendant les trois prochaines années au minimum, du point de vue de la conservation du patrimoine. L’ICOMOS publiera chaque année un rapport sur la reprise post-pandémie, couvrant les phases pré et post-vaccinales, et offrira une base solide pour les recommandations politiques.
Deuxièmement, l’ICOMOS croit au pouvoir du lieu. Être présent en personne dans un bâtiment historique ou un site important est une expérience fondamentalement différente de voir des images sur un écran. Alors que les valeurs humaines pourraient bénéficier d’une attention renouvelée, l’importance du patrimoine pourrait être négligée par les gouvernements tout autant qu’auparavant, car ceux-ci seront submergés par les pressions du processus de reprise et les priorités concurrentes. L’ICOMOS doit être proactif et veiller à ce que les politiques et les mesures relatives au patrimoine qui sont mises en œuvre pour atténuer les effets de la pandémie soient bien équilibrées – par exemple, que les plans de relance économique tiennent compte du rôle important que peuvent jouer le patrimoine et la conservation. Ces mesures ne protégeront pas seulement le patrimoine, mais aussi les communautés qui y sont liées. Dans ce contexte, l’ICOMOS lance une série de webinaires, couvrant divers aspects et questions liés à la conservation du patrimoine, y compris les impacts de la pandémie, avec des sessions destinées à la fois aux professionnels du patrimoine et au grand public.
Les collaborations entre les Comités nationaux et scientifiques internationaux de l’ICOMOS et ses groupes de travail, notamment le groupe de travail des professionnels émergents, sont indispensables à la poursuite de ces deux projets, qui seront mis en œuvre sous la direction conjointe du Conseil d’administration et du Conseil consultatif de l’ICOMOS. Tous les Comités et groupes de travail seront cordialement invités à participer pour jouer un rôle actif.
Enfin, la manière dont cette pandémie affecte l’ICOMOS en tant qu’organisation, au cœur de laquelle se trouvent ses membres individuels, doit être soigneusement surveillée au-delà de 2020. L’annulation de l’AG 2020 à Sydney est une première conséquence profondément ressentie. Ce fut une décision douloureuse à prendre pour les nombreux acteurs concernés, en premier lieu pour ICOMOS Australie. L’ICOMOS doit saisir l’occasion de la situation actuelle pour adapter le format de ses événements récurrents, y compris les réunions statutaires, en faisant un meilleur usage des outils numériques. Le Conseil d’administration et les Officiers du Conseil consultatif ont déjà commencé à travailler sur ce point.
Chers collègues, l’ICOMOS est convaincu que nos actions d’aujourd’hui façonnent notre avenir. Nous aurons besoin de la participation de chacun d’entre vous pour assumer la responsabilité sociale de l’ICOMOS et surmonter cette situation. Nous vous remercions pour votre soutien continu qui est grandement apprécié.
Prenez bien soin de vous !
Toshiyuki KONO, Président de l’ICOMOS
Mikel LANDA, Président du Conseil Consultatif de l’ICOMOS