Lettre du Président de l’ICOMOS – 21 janvier 2020

Chers collègues de l’ICOMOS,

J’espère que 2020 commence bien pour vous ! Je suis heureux d’avoir vu beaucoup d’entre vous à Marrakech, et j’espère en voir encore davantage à Sydney. Dans cette dernière lettre en tant que Président, je vous présente un rapport sur cette dernière année et sur ma proposition de changements pour l’ICOMOS, afin de garantir la durabilité et la pertinence de notre organisation dans ce monde en mutation. Vos réflexions à ce sujet sont les bienvenues.

Fin 2018, j’ai cherché à traiter de la question de l’expansion de la présence mondiale de l’ICOMOS, actuellement établi dans environ 70% des pays du monde entier. En 2019, j’ai visité de nombreux pays, dont la Tunisie, les Pays-Bas, la Pologne, la Belgique, la Jordanie, les Philippines, la Hongrie, la Roumanie, l’Azerbaïdjan, le Monténégro, le Liban, le Maroc, la Turquie, la Suisse, l’Allemagne, la Chine et l’Argentine. J’y ai rencontré des collègues de l’ICOMOS et d’autres experts du patrimoine afin de collaborer à la résolution des problèmes urgents du patrimoine, aboutissant, par exemple, à de nouvelles alliances institutionnelles, au maintien de  notre rôle consultatif pour les sites du patrimoine mondial, au deuxième Forum des université, à la création et au renforcement de nouveaux Comités nationaux, à une consultation à propos des nouveaux processus d’évaluation des sites du patrimoine mondial, au soutien de conférences sur la Baukultur, les Jeux Olympiques modernes et le patrimoine, ou d’autres questions émergentes. En 2020, je travaillerai pour plus de dialogue et de consultation des membres de l’ICOMOS, tout en, je l’espère, visitant les zones où l’ICOMOS est sous-représenté.

Dans mon dernier message, j’ai écrit que 2019 serait une année cruciale pour les activités de l’ICOMOS relatives au patrimoine mondial, car le Comité du patrimoine mondial a envisagé d’impliquer d’autres acteurs dans le processus d’évaluation. Selon moi, cela pourrait signifier la diminution de l’importance de notre organisation. J’ai assisté à la plupart des sessions du groupe de travail ad hoc du Comité du patrimoine mondial à Paris, assisté de notre Directrice générale, Marie-Laure Lavenir. Au sein de ce groupe, dont le rôle était de discuter des modalités possibles d’implication d’autres organismes, nous avons démontré la force de l’ICOMOS, à savoir le travail multidisciplinaire et de haute qualité de ses membres et leur contribution au système du patrimoine mondial. Au cours de ce processus difficile, nous avons également collaboré avec l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) et l’ICCROM (Centre International d’Etudes pour la Conservation et la Restauration des Biens culturels). Pourtant, jusqu’à un mois avant la Conférence du Comité du patrimoine mondial à Bakou, l’issue de cette réflexion était incertaine. Cependant, je suis heureux de vous informer que le Comité du patrimoine mondial a décidé de maintenir le statu quo. Simultanément, nous travaillons sur un nouveau mécanisme, l’évaluation préliminaire, suite à une suggestion du groupe d’experts réunis à Tunis en janvier 2019, à laquelle Marie-Laure Lavenir et moi-même avons assisté, pour réduire les coûts d’évaluation des propositions d’inscriptions non retenues. L’ICOMOS a joué et continuera de jouer un rôle important dans l’élaboration des modalités de ce nouveau processus. Cela marque le début d’un nouveau chapitre dans lequel l’ICOMOS aura un rôle important à jouer.

Ces circonstances nous montrent que l’environnement de l’ICOMOS change constamment et nous devons être en mesure de nous adapter à l’évolution de ces conditions ainsi que de fortifier notre organisation. Si la qualité du travail de l’ICOMOS est remise en question, il sera beaucoup plus difficile pour notre organisation et ses Comités scientifiques et nationaux d’envisager  l’avenir. Si chaque composant du travail de l’ICOMOS reste isolé, la qualité du travail s’en verra menacée. L’ICOMOS devrait donc promouvoir une plus grande synergie entre ses membres.

À Marrakech, j’ai proposé un modèle corporatif pour l’ICOMOS, basé sur la structure d’un écosystème où les synergies reposent sur chaque partie, chaque membre expert ou Comité ayant son propre rôle et travaillant en collaboration avec les autres. Ensemble, nous pouvons définir un cadre commun pour des stratégies, des activités et des résultats à long terme afin de nous maintenir alignés. Combiné avec une expertise et une représentation géographique plus diversifiées et un équilibre générationnel grâce à la croissance des professionnels émergents, nous nous construisons un avenir organisationnel sain. J’invite les dirigeants de chaque Comité et du Conseil d’administration à réfléchir aux stratégies à court, moyen et long terme pour atteindre ces objectifs. Les réunions statutaires pourront servir de forums pour en discuter.

De plus, la récente évolution des Statuts de l’ICOMOS signifie un changement fréquent de leadership à tous les niveaux de l’organisation, et le cycle de trois ans inhibe notre perspective vers des stratégies à long terme. Pour devenir stable sur le plan organisationnel, nous devons prioriser ou au moins accorder l’attention nécessaire à un développement à plus long terme. Je vous propose d’envisager une vision sur dix ans et vous invite à imaginer un ICOMOS 2030 dont vous souhaiteriez faire partie. J’espère que nous aurons l’occasion de discuter de notre « ICOMOS 2030 » à Sydney en octobre prochain !

Avec mes amitités

Toshiyuki Kono Président de l’ICOMOS

 

 

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